Un regard qui guérit

"Un"L’infirme voyant Pierre et Jean qui allaient entrer dans le temple, leur demanda l’aumône. Pierre, ayant, avec Jean, arrêté ses yeux sur lui, dit : Regarde-nous. Et il les regardait attentivement, s’attendant à recevoir quelque chose d’eux." (Actes 3 : 1-11)

Dans ce simple passage, nous trouvons à 4 reprises "la notion du regard" qui dans la version originale signifie à chaque fois quelque chose de différent, ce que ne rendent pas forcément nos traductions.

D’abord, l’infirme voit Pierre et Jean qui vont entrer dans le temple, c’est le verbe ordinaire pour voir, ce que nous faisons tous de manière automatique. L’infirme voit qu’il y a des gens qui arrivent, peu importe qui, et il les sollicite pour avoir une aumône… C’est le regard qui ne voit pas l’autre en tant que tel, mais l’avantage qu’on peut en retirer.

A ce coup d’œil intéressé, Pierre répond par un regard attentionné, "il arrête ses yeux sur lui".  Il prend le temps de s’arrêter et de ne pas simplement jeter un regard distrait. Pierre et Jean discernent une personne unique, avec son histoire de vie unique, ses souffrances, ses potentialités. Ce n’est pas un regard qui juge, qui condamne ou enferme, mais un regard ouvert sur les possibilités. Et c’est Pierre qui, s’adressant à l’infirme, lui fait la demande : "Regarde-nous" : encore un autre verbe utilisé dans la version originale, qui indique le regard conscient, le regard qui espère. Par cette demande, on peut comprendre qu’avant le miracle, avant la démonstration de la puissance de Dieu, il y a un autre miracle qui doit avoir lieu, celui d’entrer en relation, les yeux dans les yeux, à égalité, de cœur à cœur. Ce malheureux est invité à relever la tête, à se tenir debout dans son intérieur dans une attitude d’égalité vis-à-vis de Pierre et de Jean. Avant même que son corps ne soit guéri c’est son être intérieur qui reçoit toute dignité. Cet échange de regards produit le plus grand des miracles, la sortie de l’exclusion et l’entrée dans les relations et les échanges à autrui et à Dieu.

L’infirme alors "dirige son regard" vers Pierre, encore un verbe différent dans le texte original qui parle d’un regard ouvert, qui attend ce qui va naître de cette rencontre…prêt à recevoir, prêt à accueillir. Ce boiteux malheureux reçoit la guérison comme en écho au premier miracle.

Certainement que Pierre se souvient, qu’un jour pas très lointain, dans une cour sombre dans le moment du reniement, lui aussi avait rencontré un regard qui l’avait bouleversé et rempli d’un Amour infini, celui de Jésus. Pierre s’était accroché à ce regard et repentant, il avait reçu en retour ce regard merveilleux et attentionné qui pardonne et qui guérit. Que le regard bénissant et guérissant de Christ vous accompagne tout au long de cette période estivale. Salvina O